Nostalgie : Mourad Meghni et les ex-futurs Zinedine Zidane

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Quand de grands champions marquent leur discipline au point d’en devenir une référence et un symbole, les générations suivantes semblent condamnées à une comparaison systématique jusqu’au prochain phénomène. Comme si nous préférions regarder notre passé pour nous inventer un futur. Comme si on avait le sentiment que ce qui venait de se passer n’était pas réel, que nous avions besoin de confirmation pour bien l’intégrer. En football, on cherche le nouveau Pelé après l’échec des candidats Denilson, Ronaldinho et Robinho ces dernières années (en attendant Neymar). Maradona semble lui avoir trouvé son avatar en la personne de Leo Messi.

En France, c’est depuis 1998 Zinedine Zidane qui fait figure de référence ultime. Lui qui avait déjà subi tout au long de sa carrière les comparaisons absurdes avec Michel Platini traîne désormais son ombre autour du football français, journalistes, consultants et recruteurs étant à la recherche de la perle rare, du joueur qui pourra reprendre le flambeau. Retour donc sur les principaux candidats à la succession au trône. Avec un point commun, l’échec.

CAMEL MERIEM

Pourquoi : Étant le premier héritier annoncé, on n’est pas allé cherché bien loin dans la comparaison. Zidane était kabyle ? Il fallait en trouver un autre. Ou quand les origines sont plus fortes que le football. Le meneur de jeu de Sochaux de l’époque partageait également avec Zizou un côte de popularité forte du côté de Marseille, grâce lui à ses performances avec l’OM, et une finale de Coupe UEFA perdue.

Ce qu’il s’est passé : Après avoir vraiment explosé en 2004, Meriem n’a pas confirmé, n’a jamais brillé sous les couleurs de Bordeaux et, à la place d’un départ à la Juventus puis au Real Madrid, s’est baladé en région PACA, de Monaco à Nice en passant par l’improbable Arles-Avignon.

Ce qu’il lui manquait : Bien évidemment, le talent (comme tous les autres candidats d’ailleurs). Ensuite, la taille, 10 centimètres séparant les deux joueurs. Et sûrement un peu de caractère, lui qui ne s’est jamais pris un carton rouge de sa carrière quand Zidane multipliait crampons sur les cuisses et coups de boule.

MOURAD MEGHNI

Pourquoi : Comme pour Meriem, les origines algériennes de Meghni ont été suffisantes pour qu’il ait lui aussi droit au statut de nouveau Zidane. Ok il a aussi joué à l’AS Cannes. Ok, il a aussi joué en Série A. Mais est-ce que ça suffit ? Apparemment pour les journalistes oui. Ah il a aussi un prénom et un nom qui commencent par la même lettre. Là ça change tout !

Ce qu’il s’est passé : Celui qui fête aujourd’hui ses 28 ans, âge auquel Zidane était déjà Zizou, champion du monde et d’europe, est aujourd’hui au Qatar. Malgré une carrière italienne honnête (Bologne, Lazio), il ne se sera jamais vraiment imposé en club, en particulier à Sochaux lors de sa tentative de réhabilitation française en 2005. Et pourtant il n’avait que Mickaël Isabey et Valéry Mézague comme concurrents…

Ce qu’il lui manquait : Une fois encore, le talent. Ne pas être parti si tôt à l’étranger (16 ans), Sinama-Pongolle / Anthony Le Tallec rules. Et les bons clubs italiens.

SAMIR NASRI

Pourquoi : Cette fois-ci c’était sur. C’est vrai que pour Meriem et Meghni, on s’était un peu emballé. Mais là, non seulement on a l’origine algérienne, mais en plus il est né à Marseille !!! Ne pas faire la comparaison aurait presque pu être perçu comme une faute professionnelle.

Ce qu’il s’est passé : Contrairement à son illustre aîné, Nasri a joué dans le club de sa ville et plutôt bien, ce qui est déjà une énorme différence. Ensuite, au lieu de l’Italie, c’est l’Angleterre qui a recueilli le français. Il faut dire que la Premier League actuelle est un peu la Série A des années 90, ce qui se fait de mieux en Europe (avec l’Espagne). Zidane a lui en revanche attendu de vraiment prouver quelque chose à la Juve avant d’aller chercher l’argent (et vraiment des titres) du côté du Real Madrid.

Ce qui lui manquait : Comme Meriem, de la taille. Ensuite, d’être resté à Arsenal, club qui aurait pu lui être aussi formateur que la Juventus pour Zidane. Enfin, de l’humilité et le respect des places de bus.

YOANN GOURCUFF

Pourquoi : Premier joueur sans origines communes avec le dernier Ballon d’Or français, à moins que la Kabylie soit en fait une région du Morbihan, Yoyo est sans doute le joueur se rapprochant le plus de Zizou. Même élégance sur le terrain, même roulettes, même succès à Bordeaux (avec Chamakh dans le rôle de Dugarry et Trémoulinas dans celui de Lizarazu) et même timidité. On le tenait enfin notre successeur !

Ce qu’il s’est passé : Mais mystère du football, voilà que Gourcuff est porté disparu depuis 2009 et le doublé réalisé avec Bordeaux. Ce qu’on pensait initialement être un problème physique semble être bien plus important. Mais à seulement 25 ans, un départ à l’étranger pourrait comme Zizou lui faire passer un palier.

Ce qu’il lui manquait : Du mental, Zidane s’étant toujours accroché, même à lors de ses débuts difficiles à Turin. Une calvitie aussi. Et peut-être finalement des origines orientales qui remplaceraient kouign-aman, crêpes et chouchen par tcharak, griouech et thé à la menthe.

MARVIN MARTIN

Pourquoi : Le dernier appelé. Il aura suffi d’un match contre l’Ukraine et d’un doublé pour sa première sélection, comme le modèle, pour faire du sochalien la prochaine victime de cette quête sans fin. En plus, c’était Christian Jeanpierre qui commentait, ça pouvait pas le faire…

Ce qu’il s’est passé : Ben il est toujours à Sochaux. Donc pas grand-chose. Ah si, il compte quand même déjà 9 sélections, c’est toujours mieux que Julien Faubert.

Ce qu’il lui manquait : Pour le moment tout. Ce qui est sur, c’est qu’il n’aura jamais la taille ni le charisme de Zidane. A la limite, pourquoi pas Alain Giresse ?

Cette quête sans fin est donc finalement plus une malédiction qu’une bénédiction. Et symbolise pleinement le manque d’imagination des observateurs du football, et de cette société en général, qui préféreront toujours se replonger dans un passé maîtrisé que de se projeter dans un futur inconnu. Le plus dur à venir est sans doute pour Enzo Zidane, qui risque de connaître un destin de fils de compliqué. Et si on cherchait plutôt le nouveau Guivarc’h ?

SIR GUY

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